
TRIPCLIP
Les 3 premiers morceaux de la SARL forment un triptyque à la fois visuel et musical. Créés fin 2021 à la suite d’un changement de lieu de vie et réalisés par @margevigneau, mixés par @edgarmichaud et masterisés par @pierreandyou ils posent le décor : des textes et une musique imagée, une ambiance rétro, teintée d’un esprit théâtrale. Les 3 morceaux partent respectivement du plus profond pour remonter vers la surface à commencer par le 1er, « les Morts en sont pas Morts »
LES MORTS NE SONT PAS MORTS

Cette phrase fait référence à une expression selon laquelle les proches disparus continueraient de vivre à l’intérieur de nous. C’est en tout cas l’interprétation que j’en fais. Ce morceau fait l’aller-retour entre monde intérieur et monde extérieur marqué par des changements parfois rapides et brutaux - contenus dans les 2 premières phrases.
Ayant vécu en banlieue Est, j’ai pu voir certains quartiers changer, ne plus « coller » au souvenir que je m’en était fait. D’où cette image du verni, qui permet de conserver les choses intactes un peu comme au musée. La vitesse avec laquelle ces lieux ont changé est soulignée par la référence à 2 footballers, jeunes à la fois puissants et rapides (Haaland et Sterling) à l’image de ces changements. C’est là que l’introspection rentre en jeu. « … sous la terre vit, de quoi solo tergiverser » sonne comme une invitation à découvrir son monde intérieur, sans pour autant s’y enfermer.
Le clip illustre bien cette problématique, A.A. y erre dans une pièce vide aux murs blancs, au sein de laquelle il se pose, lit, cherche, danse, se parle à lui même…C’est par le refrain que la dimension spirituelle est soulignée. « Que le rhum dans la terre… » fait référence à une pratique familiale reliée à une partie de la culture malgache, qui vise à saluer les esprits des ancêtres morts avant de boire, et nous fait revenir au titre du morceau…
FUMIGÈNE

Ce morceau, le plus nostalgique des 3 pose un paradoxe : plus on grandit, plus il est attendu qu’on se fixe sur des priorités, sans superflu, « atteindre l’objectif ». Néanmoins, on semble bien mieux y arriver quand on est enfant.
Le premier couplet pose les bases de la vie adulte : une vie épuisante, ou ne plus s’arrêter sur ce qui est beau car considéré comme superflu, est considéré comme la norme : « beau but sans qu’on ait vu qui a mis le centre ». Une vie qu’on voit souvent plus légèrement sous alcool, quitte à s’anesthésier parfois (« les balles je les sens plus », « 0 degrés sans pull »). Le tout déclamé d’une voix presque morne.
Le deuxième couplet prend la direction opposée. celle de l’enfance où les choses résultaient moins d’un calcul
que d’une conséquence pure («Sans même payer la dime ni faire la nique aux gens»), ce qui rendait les émotions vécues plus fortes : «Les émotions que j’sens plus, rendaient les couleurs si vives qu’elles avaient le goût du fruit défendu».
Cette vie là me semble peu enviable, quand bien même elle viendrait avec de l’argent et des privilèges. Au fond, tout cela permet de se rendre compte à quel point on aimerait continuer de pouvoir être surpris sans avoir à le subir : «qui aurait coulé à mon insu, dans mon café sans sucre».
MACHINE À PLUIE

Clôturant le triptyque, « Machine à Pluie » reviens aux sources du premier morceau, mais plus sous l’angle de l’enfermement : « virage imaginaire dans une geôle immense » traduit cette idée. Un enfermement qui ne dit pas son nom, qu’on ne voit pas arriver jusqu’à ce qu’on s’en rende compte.
L’alcool est toujours présent (« faut pas s’étonner, si le foie s’est froissé comme du papier »). Cette fois, il ne permet plus d’anesthésier quoique ce soit, mais a un impact sur la santé (« un peu comme une odeur d’au-delà sans lendemain… ») et pousse à l’enferment, jusqu’à rester devant l’écran sans interruption, d’où la phrase du refrain « l’écran me fait du mal ». La suite du refrain est pourtant beaucoup plus optimiste « je ne m’en fais pas pour la monnaie » revoit au fait de ne pas forcément avoir besoin de beaucoup matériellement, « j’en ferais bien une image » montre que tous ces maux peuvent être digérés, transformés en art.
Le 2e couplet aborde d’autres phénomènes déplaisants, comme la saturation (« nouvelles à la télé, j’en ai plein les sens »), le manque de perspectives (« Ghana, Pérou, Grèce, Iran, encore un où j’irai pas cette année ») avant d’enchaîner sur le refrain, qui cette fois se finit différemment (« Avant de rire du bail »). Cette dernière phrase éclaire tout le morceau. Rire, c’est prendre du recul, c’est relâcher ses muscles. Le poids de ces éléments néfastes disparait le temps d’un rire, qui à défaut d’être partagé avec les autres ici, l’est avec soi-même.



Ces photos ont été prises par @margevigneau, avec l'aide de @eloisebdg aux Pianos à Montreuil (Robespierre)






